Comme Français né en France, au titre de contribution participative, en espérant qu’elle sera prise en compte, je soumets à votre attention des observations que j’ai portées à travers différents groupes de réflexion de la Société Civile. Celles-ci portent sur la mise en synergie des potentialités régionales comme solution possible pour un développement économique et social équilibré de nos territoires.
Un cercle vicieux s’est mis en place dont les conséquences accumulées, en termes économiques, sociaux, culturels et politiques, risquent d’entraver durablement le développement de notre pays.
La dette publique et l’austérité qui en découle, établissent un rapport faux à ‘‘l’argent’’ et à l’économie. Le mot investir s’efface derrière celui de dépenser, puisque tout ce qui coûte à la nation devient un fardeau pour chacun. Ainsi ne nous étonnons pas que cette pensée, autant simpliste que dominante, entraîne l’absence de projets ambitieux et de prise de risques pour les uns, l’évasion fiscale et la thésaurisation pour les autres.
‘‘Il faut faire des économies’’ voici donc le principal leitmotiv des discours de plusieurs acteurs publics et d’experts économiques, l’unique outil de gestion sans audace qui doit rassurer les contribuables dans un monde où la mondialisation nous mène vers l’inconnu.
Mais ce discours, qui revient à dire ‘‘qu’il ne faut pas dépenser’’ et qui consiste à suivre la logique du ‘‘toujours moins’’ appliqué aux salaires, à la santé, aux services publics, aux infrastructures etc.… nous tire vers le bas, nous entraîne vers la peur de l’avenir, l’inertie, le manque de perspective et de projets.
Mais le pire, c’est aussi un fossé qui se creuse entre des régions entières qu’on abandonne au déclin alors que la France dispose de potentialités riches et variées.
Faut-il maintenir cette gestion pusillanime, ce manque de courage, ce gaspillage d’énergies et de richesses et voir la jeunesse partir, quitter sa ville, sa région et son pays à l’instar de ce qui se fait dans les pays en développement ?
Ce qui va suivre a pour but de changer le regard sur les choix économiques à faire, où, mieux dépenser revient à bien investir afin que les générations à venir puissent hériter d’un pays rénové et plus fort.
Les manifestations d’une inégalité de développement.
La mutation économique actuellement en route, provoquée par les progrès technologiques et la mondialisation des échanges, creuse des inégalités de développement, et ce sont prioritairement les régions autrefois industrialisées qui en paient le prix depuis bientôt trente ans. Ainsi, à l’instar de ce qui se passe dans d’autres pays européens, une inégalité se creuse entre les zones favorisées (une petite dizaine de grandes métropoles) et les zones désindustrialisées (une partie non négligeable du territoire).
En France, dans le cadre de la décentralisation, les Régions et autres collectivités territoriales et locales gèrent le présent et préparent le futur. Cependant en raison des conséquences de l’austérité économique actuelle, c’est parfois un présent de ‘‘colmatage’’ qui l’emporte sur une politique ambitieuse d’investissements orientés vers l’avenir. Dans ce cas, comment mener de façon autonome et pragmatique une politique de grands projets générateurs d’emplois ? Comment mettre en valeur les potentialités locales et régionales, développer des secteurs productifs, attirer des investisseurs ?
Les populations à la recherche d’un emploi se déplacent, désertant des secteurs autrefois productifs et la baisse démographique entraîne à son tour un déclin de l’activité économique. L’économie sociale et solidaire maintient tant bien que mal l’emploi mais elle n’a pas vocation à porter les investissements nécessaires à une politique de grands travaux ou de ré industrialisation.
Ce qui se passe dans l’Hexagone se retrouve également dans les régions et territoires ultra- marins où le vieillissement de la population locale, le chômage, l’immigration clandestine, l’insécurité rampante due à des activités illicites bouchent l’horizon de ceux qui voudraient rester et investir. Le soleil et la mer ne peuvent pas tout !
De réelles potentialités de développement.
Chiffres à l’appui, il faut affirmer que les territoires français concentrent des ressources à fort potentiel pour le développement d’une économie tournée vers l’avenir, autant dans la production agro-alimentaire que dans celles des énergies renouvelables, mais également des ressources paysagères, patrimoniales et culturelles, atouts et moteurs de l’industrie touristique. Á cet effet, des villes et villages peinent à restaurer et mettre en valeur un patrimoine immobilier remarquable.
La France possède une superficie terrestre de 1.111796 km2. Grâce à ses régions ultramarines, son espace maritime couvre une Zone Économique Exclusive (ZEE) d’environ onze millions de km2-la deuxième au monde – qui s’étend sur 3 océans : l’océan Pacifique, l’océan Atlantique et l’océan Indien. Cette richesse territoriale maritime représente des potentialités non exploitées. Ajoutons à cela, les milliers de kilomètres que représentent les façades côtières maritimes et les ports français qui méritent d’être mieux développés à l’heure des échanges commerciaux internationaux.
De plus, à échelle supra-régionale, les régions et territoires ultra périphériques pourraient constituer des moteurs économiques subsidiaires à fortes plus-values puisqu’ils partagent avec des petits États indépendants, un passé économique et socioculturel commun (anciennes colonies avec plantations et esclaves) et une langue commune, le créole.
Des freins au dynamisme.
L’acteur économique de base est la population locale. S’il y a baisse démographique et vieillissement, il y a automatiquement baisse de l’activité et déclin. Quand le cercle vicieux est enclenché, on peut difficilement l’arrêter.
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la reconstruction de la France a fait l’objet d’un plan pluriannuel à partir d’une perspective d’ensemble et d’une stratégie. Mais comme il semble que la notion de ‘‘planification’’ ait connoté les politiques de l’Est soviétique, elle a été abandonnée. On lui a préféré celle des ‘‘objectifs’’, plus atlantiste, mais beaucoup plus vague et moins contraignante quant à l’obligation d’un résultat final…
S’agissant de l’autonomie des régions, voulue et mise en place par les lois de décentralisation des années 80, elle a non seulement toujours été court-circuitée par une tradition jacobine, mais les ressources financières des régions dépendent majoritairement de ce que l’État leur donne.
Des solutions :
Quand quelques villes dynamiques, qu’on trouve ici et là, ont fait le pari sur les nouvelles technologies ou sur l’assistance qu’elles apportent à leurs PME, PMI et ETI en soutenant le secteur privé, elles ont maintenu, voire développé, et l’activité économique, et leur population, et remis en route le cercle vertueux : gain de population = relance des activités.
Il suffit donc d’une politique volontariste entre acteurs privés et élus avec une mise en synergie des partenaires sur la base de projets fédérateurs.
Cette mise en synergie peut s’établir entre plusieurs régions de l’Hexagone ou entre une ou plusieurs régions de l’Hexagone et des régions françaises éloignées, à partir d’une complémentarité de ressources, de compétences, de moyens, de capacités d’innovation et d’investissement… Ainsi la production d’un bien peut-il s’appuyer sur des ressources naturelles durables, un vivier de savoir-faire professionnels, un centre de R&D, un réseau de transport multimodal et une proximité portuaire ; la distance géographique ne constitue pas un obstacle parce que les nouvelles technologies d’information et de communication y suppléent.
La concentration spatiale jusqu’ici voulue pour des raisons d’économie d’échelle n’est pas toujours gage d’efficience ; elle entraîne même cette inégalité que l’on constate entre les territoires.
Il faut donc concevoir la mise en place d’un Plan Géostratégique National de développement économique et social permettant de prendre en compte les spécificités et potentialités de chacun, territoires de l’Hexagone et ceux situés en Outre-mer. Par leur position, ces derniers pourraient apporter le bénéfice des dispositions supra-régionales et internationales offertes par des organisations de pays voisins comme l’OECS -Organisation des États de la Caraïbe orientale-, le CARICOM -Marché commun de la Caraïbe- et le MERCOSUR – Marché Commun du Sud qui regroupe plusieurs pays de l’Amérique du Sud .
Pour nos régions plus éloignées, l’ASEAN -Association des nations de l’Asie du Sud-est – devient un acteur incontournable de la mondialisation et aussi une opportunité à ne pas négliger. Une autre organisation n’est pas à exclure, c’est celle des ACP-UE regroupant des pays d’Afrique, de la Caraïbe, et du Pacifique et ceux de l’Union Européenne.
Enfin, le cas de la SADC – Communauté de développement d’Afrique australe- est aussi une organisation régionale insuffisamment sollicitée, dont une majorité de pays sont membres du Commonwealth. D’expression anglophone et lusophone, comme pour ceux de la Caraïbe, ils offrent, dans la perspective du BREXIT, des partenariats commerciaux non négligeables. Ainsi, dans le cadre d’un projet s’inscrivant dans un Plan Géostratégique National, des partenariats entre l’Hexagone et l’Outre-mer sont à encourager, puisque les ultramarins constituent des têtes de pont avancées et offrent des débouchés et des opportunités commerciales sur une bonne partie de la planète. Avant tout, cela exige la définition d’une perspective d’ensemble qui peut se décliner en projets intermédiaires et cohérents. Les territoires partenaires fonctionnent alors en réseau pour fédérer les initiatives et mutualiser les moyens. Á cet effet, et dans ce contexte à dimension régionale, supra régionale et internationale, les 1 SYDRES offrent un concept d’organisation pour mettre en réseau les partenaires à partir d’un pôle unique, porteur, référent et coordonnateur du projet. Parmi les partenaires on trouve des entreprises, des banques et autres investisseurs.
Les financements.
Concernant le secteur privé, la mise en place de SYDRES entre des partenaires étrangers et des PME, PMI et ETI françaises permet de créer des joint-ventures pour renforcer leurs capacités stratégiques de développement. Dans ce cas, il est nécessaire de s’appuyer sur des interfaces appropriées connaissant les spécificités socioculturelles du pays, ce que proposent des cabinets d’experts internationaux spécialisés en ingénierie financière internationale.
L’autre avantage de l’interface, c’est aussi de prévenir les dérives financières par le biais de protections juridiques telles que le SPV/ Special Purpose Vehicles/véhicules de titrisation.
Les investisseurs chinois :
Indépendamment des SYDRES, dans le cas de la réalisation de grands travaux d’infrastructure et de réhabilitation, des interfaces proposent au secteur public des sociétés d’investissement dont les financements sont généralement garantis par le gouvernement Chinois. Elles sont spécialisées en ingénierie financière internationale à l’étranger et manifestent un intérêt affiché pour l’Europe et notamment la France. De sources officielles, le pays du Yuan dispose d’un budget d’environ 145 milliards d’Euros à investir au cours des prochaines années dans le cadre de projets de développement économique et commerciaux.
Dans le cas des PPP -Partenariats Public Privé- des subventions et aides sont également prévues par les programmes d’institutions comme l’Union Européenne ou encore le PNUD -Programme des Nations Unies pour le Développement – et des investisseurs privés.
En conclusion :
Des investisseurs étrangers de la Chine ou du Moyen-Orient se montrent de plus en plus intéressés à investir en Europe et notamment en France.
La mise en place d’un Plan Géostratégique national de développement économique et social doit permettre de garantir un redéveloppement équilibré des territoires, basé sur la complémentarité de leurs potentialités en associant celles de l’Hexagone et celles de l’Outre-mer.
Pour ce faire, il est nécessaire de s’appuyer sur des volontés et ressources locales mobilisables (populations, situation géographique, matières premières, infrastructures, capacités locales d’investissement…)
Toutefois la mise en synergie de nos forces ne sera efficace que si la confiance en nous-mêmes l’emporte sur notre peur de l’avenir. C’est notre devoir de laisser aux générations futures, un pays dynamique qui s’appuie sur les richesses de ses territoires.
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1 SYDRES : Néologisme international créé par Emmanuel ARGO qui veut dire : ‘‘Synergies pour des Développements Régionaux Economiques et Sociaux/ Synergies for Development of Regions and Societies/, SYnergías por el Desarrollo Regional Económico y Social/, SYnergias pelo Desenvolvimento Regional Economico e Social’’.
Fait en France le 22 Mars 2017 – Emmanuel ARGO, Expert AVETA GLOBAL